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Un logiciel de 669 $ vendu 11 $ à des fonctionnaires

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Pierre Asselin Le Soleil

Plus de 1200 employés de Revenu Québec ont pu acheter à des fins personnelles, pour seulement 11 $, la suite Microsoft Office Professional, d'une valeur de 669 $. C'est donc un avantage de plus de 800 000 $ que Microsoft avait consenti, avant la fin de 2011, aux employés de l'Agence québécoise du revenu.

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content">Revenu Québec a indiqué, en réponse à une demande d'accès à l'information par Le Soleil, qu'il s'agit d'un programme (Home Use Program ou HUP) offert par Microsoft à tout client d'un contrat entreprise.
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content">En effet, la multinationale n'a pas fait d'exception pour Revenu Québec. Le Home Use Program existe depuis plusieurs années, dans le secteur privé comme dans le secteur public.
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content">Sauf que le Règlement sur l'éthique et la discipline dans la fonction publique québécoise stipule que «le fonctionnaire ne peut accepter aucun cadeau, marque d'hospitalité ou autre avantage que ceux d'usage et d'une valeur modeste. Tout autre cadeau ou avantage reçu doit être retourné au donateur ou à l'État».
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content">«On considère qu'il n'y a pas d'avantage, ni pour Revenu Québec ni pour ses employés», observe Manon Tremblay, porte-parole de l'Agence. «Ce n'est pas un cadeau parce que les employés paient (11 $) pour la suite bureautique... C'est une offre que Microsoft fait à plusieurs de ses clients. Ce n'est pas à titre d'employés de Revenu Québec qu'ils ont accès à cette offre. S'ils travaillaient pour une autre organisation de même taille, ils auraient accès au même programme.»
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content">Même son de cloche au Syndicat de la fonction publique du Québec. «Les employés seront plus familiers et donc plus performants, c'est pour ça que Microsoft l'offre à ses clients...», croit la présidente du Syndicat, Lucie Martineau. Alors, on n'y voit pas vraiment de conflit d'intérêts.»
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content">Pourtant, admet-elle, si un employé recevait un ordinateur gratuitement, «ça serait un avantage imposable. Là le logiciel n'est pas fourni gratuitement, c'est un rabais, comme si j'étais employé de Ford et que la compagnie m'offrait un rabais pour acheter une automobile».
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content">Microsoft justifie elle-même ce programme en disant que les gens qui l'utilisent à la maison acquièrent de l'expérience avec le produit. En réalité, la pratique serait apparue en 2003 pour faire passer l'introduction, par Microsoft en 2001, de l'assurance logicielle, qui obligeait désormais les utilisateurs à payer une redevance annuelle pour bénéficier des mises à jour, entre autres. Le gouvernement québécois achète ainsi des dizaines de milliers de ces licences chaque année, pour plusieurs millions de dollars.
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content">Dépendance
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content">La stratégie de Microsoft est évidente, selon Daniel Pascot, professeur en systèmes d'information organisationnels à la faculté d'administration et porte-parole de FACIL, un organisme qui fait la promotion de l'informatique libre. L'objectif est de rendre les gens dépendants de sa plate-forme.
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content">«Plus les gens se servent d'Office à la maison, plus l'employeur est incité à rester avec Microsoft. Si, au contraire, les gens se servaient d'OpenOffice, ils demanderaient au Ministère : pourquoi payer des centaines de dollars chez Microsoft quand on peut faire ça gratuitement?»
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content">Selon lui, «si l'administration publique met du logiciel à la disposition de tous, elle devrait proposer du logiciel libre».
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De telles initiatives se font d'ailleurs, en France, où la région administrative de Paris (Île-de-France) a annoncé qu'elle offrirait une nouvelle version de la suite LibreOffice aux lycéens, à leurs parents, leurs professeurs et au personnel administratif, soit près d'un million d'utilisateurs, pour la rentrée 2012.

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