Salaire caché de 75 000$ de Jean Charest
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le dénouement dans l’affaire des résidences? Texte par Patrick BOURGEOIS
Étrange histoire. Il y a quelques temps, le journal LE QUÉBÉCOIS a mis en évidence un fait surprenant. Selon toutes vraisemblances, les résidences possédées par Jean-Charest valent autour de 2 millions de dollars. Seulement, avec les salaires connus de Jean-Charest par le passé, ces domaines seraient bien au-delà de ses capacités de payer! Le dossier reçu par le journal LE QUÉBÉCOIS par la ville de Westmount grâce à la loi d’accès à l’information révèle des informations laissant penser que Jean Charest posséderait un « Chalet » de 1 132 800 $ et cela, en plus d’une maison de 924 000 $ !
Pourtant, de 1984 à 1993, Jean-Charest a reçu un salaire de simple député, 50 000$ par année. Par la suite, de 1993 à 1998, il gagna un peu plus, près de 100 000$ par année. Quand il a été premier ministre, Jean-Charest pouvait compter sur un salaire de 165 000$ par année. Un bon salaire, certainement, mais insuffisant pour des propriétés d’une valeur totale de 2 millions de dollars, il me semble…
Les hypothèses sur l’origine de cet argent sont nombreuses, je vous laisse vous faire votre propre idée. Quoi qu’il en soit, le journal de Sherbrooke a congédié 2 journalistes qui ont eu l’audace de couvrir cette nouvelle et a bien sûr fait disparaître les textes de son site internet.
Les sources du journal étaient de documents que nous avions en notre possession (contrat d’hypothèque de Charest, ses comptes d’Hydro-Québec, de téléphone, etc.), et sachant qu’il n’en coûtait pas moins de 30 000$ pour louer une résidences aux abords du lac Massawippi (c’est ce que des agents immobiliers nous avaient certifié), nous établissions le manque à gagner de Jean Charest à environ 75 000$ par année. Étonnamment, le nouveau président du Parti libéral du Québec, Jean D’Amours, a émis un communiqué affirmant que Charest reçoit, depuis 1998, 75 000$ annuellement, somme puisée à même un fond secret du PLQ. ( 01 )
À la lumière de ces informations, le commun des mortels pourrait être porté à croire que l’affaire des résidences de Jean Charest vient de connaître son dénouement, que le politicien paye tout simplement sa maison de North Hatley à même des sommes que le PLQ met à sa disposition depuis des années, ce qui, dans les faits, n’est en rien illégal. Or, il demeure encore bien des questions à se poser dans le cadre de cette affaire.
D’une part, s’il était si simple d’expliquer d’où provient l’argent qui lui permet de se prélasser dans une résidence de luxe de North Hatley, pourquoi Jean Charest n’a-t-il pas répondu aux questions lorsque Le Québécois affirmait, en septembre 2006, qu’il n’avait pas les moyens de se payer son train de vie?
Cela aurait évité que le roquet des conservateurs et directeur de Quebecor, Luc Lavoie, ne diffame et le seul journal indépendantiste du Québec et les deux journalistes du Journal de Sherbrooke qui ont donné écho à notre dossier. Rappelons que Quebecor avait abusivement congédié (et la commission des relations du travail a condamné l’empire des Péladeau pour cela) Pascal Morin et Alain Bérubé, et ce, parce qu’ils avaient laissé planer la possibilité que Charest jouisse d’un « pont d’or ».
Les événements confirment aujourd’hui que Le Québécois et Morin et Bérubé avaient raison de le prétendre, puisque tel est le cas. La moindre des choses serait que Jean Charest s’excuse auprès de nous, nous qui avons agi en toute responsabilité à l’époque, en effectuant honnêtement notre travail. Comme on dit, on peut toujours rêver!
D’autre part, il faut bien comprendre que le fait que le PLQ ait rémunéré en secret, des années durant, Jean Charest est en soi inquiétant. Tout d’abord parce qu’on ne sait pas vraiment d’où provient tout cet argent (vraisemblablement 750 000$).
S’agit-il d’un « pont d’or » constitué en 1998 par ceux qui auraient fait pression sur Charest pour qu’il abandonne les conservateurs pour les libéraux provinciaux, comme plusieurs analystes l’affirmaient alors? À l’époque, il avait été dit que Desmarais, la gang du lac Memphrémagog et les argentiers de Mulroney avaient déniché beaucoup d’argent pour que Charest – lui qui n’était pas chaud à l’idée d’abandonner son rêve de devenir premier ministre du Canada – accepte enfin d’aller combattre à Québec les séparatistes de Lucien Bouchard.
Ou s’agit-il encore de l’argent recueilli en 1998 par Paul Gobeil, le responsable de la campagne de financement de Charest à la chefferie du PLQ, course qui n’a jamais eu lieu? Gobeil disait à l’époque que tout surplus serait remboursé aux souscripteurs, pour être ensuite reversé dans les coffres du parti? L’argent, disait-il, ne devait pas être donné à Charest. Mais on sait aujourd’hui que l’argent du parti a servi à financer en douce le train de vie de Charest. Gobeil aurait-il alors menti?
Il faut également savoir que celui qui fut jusqu’à sa mort, le propriétaire de la résidence secondaire de Jean Charest – Sam Pollock, un ex-lieutenant des Bronfman, pour ne pas le nommer – a entretenu des relations avec le chef libéral qui lui ont permis d’obtenir du financement pour divers organismes dont il avait la charge. Ce financement lui a été consenti par Charest, à même son fonds discrétionnaire de premier ministre. Il s’agit donc de fonds publics qui ont été remis, indirectement, au propriétaire de la résidence qu’occupent les Charest à North Hatley.
Dans le livre que je prépare sur les magouilles des fédéralistes, et au cœur duquel l’on retrouvera Jean Charest, je raconterai bien sûr en détails l’histoire des résidences de l’actuel premier ministre du Québec. Mais il sera également question de bien d’autres accointances qu’entretient le chef libéral depuis des années et qui démontrent bien que celui-ci a toujours été entouré de gens fort peu recommandables. Le livre sera disponible sous peu.
Si Jean Charest croyait s’en sortir aussi facilement, en révélant tout simplement que son parti l’a rémunéré en secret, ce qui lui a permis de se payer des luxes qui ne correspondaient aucunement à ses revenus, il se trompe royalement. Notre enquête est loin d’avoir atteint ses limites.
À suivre, donc…