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La SAAQ refuse

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de payer ses traitements, elle se suicide

Souffrante à la suite d’un accident, une dame de 54 ans s’est suicidée après que la SAAQ eut refusé de lui payer des traitements d’aide psychologique. Dans son récent rapport, la coroner recommande un meilleur soutien auprès des accidentés troublés.

«Désolée je n’en peux plus. SAAQ tannée de leur agissement, SAAQ tannée de me battre, SAAQ tannée d’avoir mal.» Voilà les premiers mots de la lettre d’adieu de Diane Côté, qui a mis fin à ses jours le 25 décembre 2012.

Les refus de traitements de la Société d’assurance-automobile du Québec (SAAQ) ont mené à un dénouement tragique pour Mme Côté.

«Ce que je trouve plate, c’est qu’elle aurait été mieux de foncer dans un mur de béton en voiture», confie sa fille, jointe par Le Journal.

La vie de Mme Côté a basculé en 2001, alors qu’elle était passagère d’une voiture impliquée dans un accident. On lui diagnostique une entorse cervicale, un trouble de l’adaptation et un stress post-traumatique.

Au total, elle a reçu 189 traitements de physiothérapie, 161 en chiropraxie et 16 en psychologie. Le tout a été payé par la SAAQ. Après l’accident, elle n’est jamais retournée travailler et sa qualité de vie était «nettement hypothéquée», écrit la coroner.

«Se soulager»

Entre 2005 et 2009, Mme Côté a eu trois autres accidents de voiture. Chaque fois, des traitements ont été payés par la SAAQ.

Selon la coroner, la relation de Mme Côté avec la SAAQ s’est dégradée en 2012. En mars, la femme a dit à un préposé qu’elle allait «se soulager elle-même» puisqu’on refusait de payer ses traitements contre la douleur.

En avril, le psychologue de Mme Côté avait noté des motifs de poursuivre les traitements (dépression, isolement). Son médecin de famille avait aussi noté une «aggravation constante physique», depuis 2009.

Or, un psychologue de la SAAQ a recommandé de ne pas payer d’autres séances, puisqu’il n’y avait pas d’aggravation de son état.

Bataille constante

«Il y avait deux mondes, déplore sa fille. Un médecin disait oui, et la SAAQ disait le contraire. C’était une bataille tous les jours.»

Devant ce refus, Mme Côté a déposé plusieurs plaintes, mais s’est finalement enlevé la vie.

Dans son rapport récemment rendu public, et dont Le Journal a obtenu copie, la coroner, la Dre Chantal Bernier, recommande que la SAAQ assume les frais d’aide psychologique tant que le médecin traitant le prescrit.

«Ma mère s’est tellement battue, au moins ça aura servi à ça», réagit sa fille, satisfaite de cette conclusion.

Un cas abusif, selon l’avocat Me Bellemare 

Le refus de la SAAQ de payer des traitements à Mme Côté est «nettement abusif», déplore l’avocat Marc Bellemare.

«On n’a pas idée de ce que c’est que se battre contre ces monstres bureaucratiques, réagit­­ l’avocat qui défend beaucoup de gens accidentés auprès de la SAAQ. Ça mérite d’être dénoncé­­.»
 
En fait, Me Bellemare ne comprend pas que la SAAQ ait refusé de payer des traitements à Mme Côté, alors qu’elle avait un indice de gravité 3 pour les blessures psychologiques.
 
«Il me semble qu’ils auraient pu mettre la pédale douce. La relation avec l’accident est clairement reconnue», dit-il, ajoutant que la SAAQ devrait avoir un département spécial pour les troubles psychiatriques. 
 
Ce dernier souligne par ailleurs le courage de la coroner d’avoir établi le lien entre le dé­sespoir de Mme Côté et la SAAQ. 
 
«Souvent, les coroners ont peur de se mettre l’institution à dos, et c’est tellement plus facile de dire que c’est un suicide et c’est tout. Mais là, elle a clairement établi le lien.» 
 
Nouvelles mesures
 
De son côté, la SAAQ a refusé de commenter le cas précis de Mme Côté.
 
Or, on a indiqué avoir mis en place de nouvelles mesures depuis ce décès pour améliorer l’aide aux prestataires.
 
Notamment, les employés au service à la clientèle ont suivi des ateliers de prévention du suicide, les rapports psychologiques ont été améliorés, et les personnes accidentées sont attitrées à un seul agent. 
Recommandation de la coroner 
 
«Afin d’assurer une meilleure protection de la vie humaine, je recommande à la SAAQ d’assumer les frais relatifs aux services de soutien psychologique professionnel aux personnes accidentées atteintes de douleurs chroniques et atteintes du syndrome de stress post-traumatique relié à leur accident d’automobile. Leurs cessations ne devraient se produire seulement qu’avec l’accord du psychologue traitant et du médecin traitant.»

 

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