Le fils de Jacques Delisle témoigne
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en faveur de son père
Publié le mardi 18 octobre 2016 à 12 h 20
Mis à jour le mardi 18 octobre 2016 à 17 h 30
Avec des entraves aux pieds, Jacques Delisle est arrivé d'un pas lent dans l'espace isolé réservé aux détenus de la salle d'audience du palais de justice de Québec mardi. Condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme, Nicole Rainville, l'homme de 81 ans tente de convaincre un juge de le remettre en liberté en présentant une nouvelle preuve basée sur les rapports de trois experts.
Vêtu d'un veston bleu sur un chandail blanc, l'ex-juge a utilisé un appareil auditif fourni par la Cour pour l'aider à bien entendre le débat. Comme il l'a fait lors du procès, son fils Jean Delisle a décrit son père comme un homme attentionné et respectueux. « Un super pop », a illustré l'homme de 52 ans.
« Il n'a jamais levé le petit doigt sur personne », affirme Jean Delisle, affirmant que son père s'est occupé de sa mère de façon exemplaire après qu'elle eut été victime d'un accident vasculaire cérébral.
Si j'avais le 16e d'épaisseur de doute que mon père a tué ma mère, je ne serais pas ici.
Jean Delisle, fils de Jacques Delisle
L'agente correctionnelle a fourni des mouchoirs à Jacques Delisle pour qu'il essuie ses pleurs pendant le témoignage de son fils.
Avant Jean Delisle, la défense a fait témoigner le vieil ami du détenu, Me Pierre Cimon. Les deux hommes étaient associés au sein du même cabinet d'avocats avant l'accession de Jacques Delisle à la magistrature, en 1983. Ils sont toujours demeurés proches.
« C'était un homme à la fois exigeant, mais chaleureux dans les relations personnelles », a indiqué celui qui ne peut concevoir que son ami ait pu commettre un meurtre.
Les deux témoins se sont dits prêts à prendre des engagements financiers pouvant aller jusqu'à 100 000 $ chacun à titre de caution.
Travail du pathologiste critiqué
La défense a par ailleurs fait entendre un troisième témoin, un pathologiste ontarien qui critique sévèrement le travail du pathologiste André Bourgault du laboratoire médico-légal de Montréal qui a pratiqué l'autopsie en novembre 2009. Le témoin expert, le Dr Michael Shkrum, croit que l'autopsie est mal documentée.
Le médecin légiste reproche au pathologiste de ne pas avoir suffisamment photographié le crâne et le cerveau. Le Dr André Bourgault avait pris une seule photo du cerveau lors de l'autopsie.
Le Dr Shkrum a fait valoir que si ce dossier lui avait été soumis pour une autopsie, il aurait « fixé » le cerveau avec un produit, ce qui aurait permis de faire des analyses plus poussées. La préservation aurait aussi permis de réaliser des contre-expertises, même quelques années plus tard.
Le Dr Shkrum a découvert la présence d'une fracture suspecte dans le crâne de la victime. Il soutient qu'une fracture du côté opposé de la plaie principale du crâne démontre que Nicole Rainville a pu se suicider.
Nouvelle preuve de la poursuite
De son côté, l'avocat de la poursuite, Me Michel Fortin, a aussi indiqué qu'il souhaitait présenter une nouvelle preuve balistique.
Un expert du laboratoire médico-légal de Montréal a réalisé de nouvelles expertises que la Couronne compte utiliser.
Un des avocats de Jacques Delisle, Me Jacques Larochelle, a cependant expliqué au juge Benoît Moulin que la défense pourrait s'opposer à ce que ces nouveaux tests soient présentés en preuve.
L'audition de la demande de remise en liberté en Cour supérieure doit durer deux jours au palais de justice de Québec. Les parties sont toutefois prêtes à siéger jusqu'à vendredi si nécessaire.