Un médecin furieux contre la SAAQ
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Nicolas Saillant Samedi, 8 octobre 2016 19:24
Faisant des démarches depuis 13 ans auprès de la Société de l’assurance automobile (SAAQ) afin que sa patiente, victime d’un accident de voiture, obtienne les soins appropriés, un médecin de Québec dénonce la façon de faire de l’organisme, qui cherche «à sauver le plus d’argent possible».
Victime de trois accidents de voiture mineurs en deux ans, la malchance s’est abattue sur Suzanne Talbot lorsqu’un quatrième accident, cette fois très sérieux, s’est produit en octobre 2003. Incapable de s’immobiliser à une lumière rouge à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, elle a été happée de plein fouet par un camion-benne.
« Tout croche »
Ayant subi de multiples blessures cervicales et lombaires, la mère de trois enfants s’est donc adressée à la SAAQ pour la quatrième fois afin d’avoir une compensation pour ses traitements. Or, plutôt que de prendre acte de ce nouvel accident majeur, la SAAQ a rassemblé les quatre dossiers de Mme Talbot et a inscrit un accident mineur où elle était passagère comme étant l’accident principal au dossier.
«Tout est parti croche, c’est resté croche, et elle paye le prix de ça», explique son médecin de famille, Richard Lemelin, qui dénonce la situation. «Ils prennent en compte le plus petit des quatre accidents et refusent chaque demande.»
Le dossier a pour ainsi dire été scellé lorsque Mme Talbot a été vue par un expert mandaté par la SAAQ qui a conclu que celle-ci n’avait aucune séquelle. «La SAAQ va toujours prendre ce qui est en sa faveur. S’ils peuvent te faire voir l’orthopédiste qui est un peu en leur faveur, ils vont le faire», lâche le Dr Lemelin.
Ainsi, depuis l’accident, le médecin de famille de Mme Talbot a écrit au moins 25 lettres à la SAAQ pour que l’organisme réévalue le dossier de sa patiente, qui souffre de pertes de mémoire et d’équilibre, en plus d’avoir de la difficulté à utiliser son bras droit.
«Moi, je ne suis pas pro-SAAQ, je suis “pro-situationnel” et “pro-patient”. Je fais une évaluation, c’est tout», lance le médecin qui traite la dame depuis 1989. «Elle a besoin de traitements, de suivi psychologique, de physio, mais il y a des séquelles permanentes.»
Pourtant, toutes les tentatives du médecin sont restées lettre morte, et celui-ci déplore du même coup le fait que la SAAQ fasse fi de son analyse. «Je me suis fait dire que j’étais juste un médecin généraliste et qu’ils écoutaient l’orthopédiste parce que c’est un expert; mais, lui, il l’a vue 30 minutes», affirme le médecin.
«Le mandat de la SAAQ, c’est d’aider les victimes d’accidents d’auto, mais, maintenant, ce n’est plus ça, c’est de sauver le plus d’argent possible», constate le médecin, qui a plusieurs patients dans la même situation que Mme Talbot.